Souvenir du Lycée Max Linder

Souvenir du Lycée Max Linder

Monstrueusement grand : Voilà ma première impression quand je suis rentré pour la première fois dans ce lycée au début des années 70. A cette époque il était encore anonyme mais déjà tellement impressionnant pour un enfant d’une dizaine d’années qui venait attendre son frère ainé.

Lycée Max Linder Libourne

C’était un autre monde, les contrôles à l’entrée étaient peu efficaces, j’en profitais pour découvrir le monde des grands. Une épaisse fumée blanche de cigarettes envahissait les larges couloirs du rez-de-chaussée.Toutes les heures la coursive était saturée par un flot assourdissant d’élèves, la marée ne durait pourtant pas plus de 10 minutes mais pouvait vous emporter bien loin de votre destination initiale.Bizarrement des tables de ping-pong étaient venues s’échouer là et servaient bien involontairement de brise lames. Elles ne se nommaient pas encore « Fake news » mais de nombreuses  rumeurs circulaient sur la vie du lycée. Je m’en rappelle encore  cinquante ans après : « Ce sont les fils du proviseur qui vendent de la drogue au lycée ». Pour moi c’était extraordinaire, inconcevable et surtout sulfureux. L’autorité suprême bafouée par ses propres fils. Heureusement pour tout le monde les réseaux sociaux  n’existaient pas encore et la drogue a continué à faire fantasmer parents et élèves.

Il est devenu « monstrueusement ennuyeux » :

Ce lycée était devenu « mon »  lycée. Mais ma seule ambition d’alors était de le quitter le plus rapidement possible. J’avais 18 ans et  voulait découvrir  autre chose, c’est certain l’herbe devait être  plus verte dehors. Je le reconnais,  je n’ai pas eu la moindre émotion en quittant ce paquebot.

Il est aujourd’hui pour moi « monstrueusement nostalgique » :

J’ai la chance d’avoir pu revenir au Lycée Max Linder pour pouvoir transmettre de toutes petites choses aux lycéens d’aujourd’hui. Bien entendu je ne reconnais plus mon lycée, il s’est encore étendu, il est devenu toujours plus imposant et la fumée des cigarettes s’est envolée avec les tables de ping-pong. Mais une seule chose n’a pas changé : toutes les heures, aux intercours, une marée humaine se croise, discute et refait le monde dans les couloirs. Les équipages changent, les passagers se renouvellent, tous restent nostalgiques du temps passé entre ses murs et le paquebot Max Linder garde son cap et continue sa route.

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