Fest’Artienne, Fest’Artien, cette année vous allez découvrir une nouvelle tribu.

Vous qui arpentez les rues puis squattez les pelouses et autres goudrons vous avez déjà remarqué qu’il y avait différentes écoles chez les festivaliers…

 

Il y a les pros : de la glacière sur roulettes qui fait table à langer et chaise pour mamie aux provisions nécessaires pour tenir un siège, ils n’oublient rien. Programme dans une main, chronomètre et boussole dans l’autre ils naviguent avec la précision d’un candidat à la course du Rhum.

 

Il y a les aspirants pros : ceux-là ont une chaise par personne, mais pas de la même couleur, des éventails mais pas d’eau. Ils se placent devant malgré les protestations de tous ceux qui ne voient plus rien parce qu’ils sont trop hauts et finissent par céder et reculer.

 

Il y a les amateurs : un foulard sur la tête, un châle pour s’assoir. Ceux-là fondent au soleil ou se délitent sous la pluie. Au fil du festival ils s’assoient de moins en moins parce qu’ils se relèvent de plus en plus difficilement.

 

Il y a les débutants : pantalon blanc, jupe en soie, ils cherchent vainement comment arbitrer entre sauvegarde de la garde-robe et sauvegarde de leurs jambes fatiguées. Ils veulent tout voir mais ayant oublié l’option téléportation, ont constamment l’impression de courir après le temps.

 

Et cette année il y aura les « Poz ta fesse »… Ceux-là seront décontractés, calmes et reposés. Vous les reconnaîtrez aisément, ils arboreront sous leur fessier ou négligemment accroché à leur dos un drôle de petit coussin triangulaire, coloré et confortable. Reposant alternativement une fesse après l’autre, ils seront détendus mais attentifs, concentrés mais joviaux !

 

Où que vous décidiez de poser vos fesses, quelle que soit la façon dont vous assurerez (ou pas) leur confort, encore une fois le spectacle sera dans la rue et vous en ferez partie !

Et après !

Nuit de Chine

Nuit câline

Nuit libournaise

Nuit de… braise

L’été, trois nuits du mois d’août,

Ma ville est folle

Jours et nuits de farandoles

Trois nuits de fête

A en perdre la tête

Libourne sage

Perd son pucelage

Ce sont des nuits comme des jours

Des nuits de lumière et d’amour

De danse et de feu

Avec des rires plein les yeux

Des nuits de parenthèse

Souvent, le reste du temps, quand la nuit de ma ville est grise, je cherche les fantômes du mois d’août tapis au fond des ruelles. Car nul ne s’échappe des folles nuits d’août. Leurs ombres joyeuses s’agitent à la lueur des réverbères, dans les éclats des pluies d’automne, dans les illuminations de Noël. Libourne est une ville hantée par les musiques estivales et les mots d’amour éphémères.

Mademoiselle Jeannine

Combien de fois suis-je passée devant votre maison, constatant ses persiennes toujours closes et ce rideau de toile continuellement tiré ?

Combien de fois ai-je pensé « est-elle toujours là, et si un jour j’osais lui téléphoner pour qu’elle me parle d’elle » ?

Je n’ai rien fait, et tout aurait pu s’arrêter comme cela puisque vous n’êtes plus là.

Mais aujourd’hui grâce à Fest’Arts,  Corinne, Jonathan, Maëlys et toute cette compagnie  d’Artistes talentueux et sensibles, j’ai vu et je sais !

Derrière le rideau en toile, la porte d’entrée  et ces persiennes aujourd’hui ouvertes, le salon, les chambres, le bureau et un come back des années en arrière qui pourtant me rappelle quelques-uns de ses souvenirs.

J’ai effleuré le marbre des cheminées qu’elle avait dû toucher, fouler ce plancher comme elle l’a fait derrière vous, gravi l’escalier, posé ma main sur la rampe… l’émotion

« Lorsque l’on parlait avec Mademoiselle Jeannine… Je me souviens qu’un jour avec Mademoiselle Jeannine… Elle était si belle Mademoiselle Jeannine… » J’ai tellement entendu parler de vous !

Et puis tout à l’heure à la Chapelle de la Miséricorde j’ai enfin mis votre beau visage sur votre prénom et découvert votre Histoire, l’Histoire de votre famille qui contient quelque part un peu de la mienne.

Une femme de chambre, elle disait « dame de compagnie » mais elle était « placée », très jeune sans doute, comme on le disait à l’époque.

Dans ces murs, à travers ces pièces, je vous ai suivies, imaginées toutes les deux, et peut-être même chuchoté ; à un an près vous aviez le même âge.

Je ne m’attendais pas à ça, un pèlerinage dans mes souvenirs transmis par la mémoire orale, qui devenait tout à coup une réalité.

Mademoiselle Jeannine, elle s’appelait Pierrette votre dame de compagnie et c’était… ma maman !

36°

Soleil au zénith ou presque. Les danseuses aux pieds nus virevoltent sur le sol supposé brûlant et je me demande alors de quoi leurs plantes sont faites. Peut-être de cuir tanné…, ou encore de caoutchouc pneumatique, inaltérable et inusable, et surtout indolore… Légères et souriantes, elles virevoltent. Les arbres épars, pris d’assaut, sont cachés par le public agglutiné. Les éventails s’agitent, les chapeaux sont vissés sur les têtes dégoulinantes, les foulards de fortune ceignent les coiffures moites. Mais tous sont là, attentifs et admiratifs de la performance et de la beauté du geste dansé. Les applaudissements fusent, les bravos récompensent les artistes. La performance est acclamée. Puis les quais se vident aussi vite qu’ils se sont remplis pour emmener les festartiens vers un autre rêve. Aux vivats de la foule succédera bientôt le vrombissement des motocrottes afin que les quais retrouvés restent immaculés et propres à recevoir le céans des festivaliers exigeants.

Arriver tôt

Arriver tôt

A ses avantages

Tout le monde est sage

Mais pas trop, hé ho !

Combat pour l’ombre

–  Le soleil va bouger

–  Ah ?

–  Enfin l’ombre

–  Ah ?

Valse et… envol

De parasol

Le brumisateur pas tâteur à deux pattes est là

Raaaaaaah

Mieux, ça vaaaaaaaaaaaaaaaaaah

Hey, psitt

Le pishitt ?

On ose

On s’arrose

On attend au son de l’accordéon

Tango, tango, c’est bon

Haaaaaaatik !

Danseuses aux pieds fest’artistics

A l’ultra chaud résistent

Ça y est, c’est parti, premier spectacle, la fête commence…

Sous les voiles de la Centrale, le bateau s’élance. L’équipage est là, hétéroclite et joyeux.

D’abord choisir l’emplacement  : devant sur les bancs, non plein soleil et il est vraiment au rendez-vous. Plus loin, à l’ombre, assise par terre sur les graviers… oui mon « Poz’ ta fesse » remplit son ouvrage. Postérieur préservé, la tête protégée par mon chapeau, c’est bon, on peut y aller.

La qualité du silence, et puis très vite les bruits de la foule, les rires, les mouvements de celui-là qui danse avec la troupe, la jambe de celle-ci qui marque la mesure.

Où est-ce qu’on mange ? Direction les quais pour un pique-nique improvisé. Pas un bruit de voiture dans les rues, un silence à peine troublé par une moto-crotte qui fait son devoir !

Sur un banc, face à la confluence, l’eau qui s’écoule, l’ombre des arbres et les coquelicots qui sont encore silencieux. Avec le courant les pensées voyagent, paisibles. Elle est belle la confluence, les eaux qui se mélangent et vont porter plus loin le message de Libourne : mêlons nos vies et nos envies pour voyager plus loin.

Quatre silhouettes, des chants basques et puis les corps qui se répondent. Sur fond de rivière, le pont à l’arrière-plan, les marches envahies par les festivaliers, oui c’est décidé, je les aime bien, ces quais !

Et pour continuer la journée, comme au temps de l’enfance, c’est trop bien de se faire asperger sous une douche improvisée.

« Venir jusqu’à Libourne pour prendre une douche collective » sourit une dame, « vraiment j’aurais pas cru ! »