Tour de France 2021

Je me souviens 1

Je me souviens de Nanou tournant en rond dans la véranda sur son vélo.

Je me souviens de mon père et de la perche en châtaignier guidant les enfants.

Je me souviens d’avoir croisé Thierry sur son vélo et de nos éclats de rire avec Bernadette.

Je me souviens de Baptiste et de son vélo volé devant chez Alex.

Je me souviens du vélo rose gagné à la kermesse de l’école.

Je me souviens du soleil de Nathan dans la haie pendant les vacances dans le Lot.

Je me souviens 2

Je me souviens de chutes monumentales à vélo

Je me souviens avoir fait le soleil avec mon vélo en revenant de l’école, les rayons tournant bizarrement

Je me souviens refuser de faire du grand vélo, jusqu’à ce qu’un garçon de mon âge me traite de « petite », et le lendemain, adieu les petites roues !

Je me souviens avoir détesté le vélo, quand les chiens voulaient me mordre

Je me souviens m’être sentie libre quand je pédalais à fond

Je me souviens de la douleur après les chutes

Je me souviens, un soir de 1998 à Biarritz, lors de la finale de coupe du monde de football, avoir déraillé, et ce sentiment de solitude infinie dans une ville emplie de gens captivés devant la télévision

Je me souviens, des jours de Tour, quand j’étais petite, de l’attente, des cadeaux et de la vitesse « déjà », des coureurs lors de leur passage.

Je me souviens d’aujourd’hui, et des rires aussi avec la Belle Equipe !

LES MOLLETS…PAS MOLLETS

Ils sont impeccables !

Rasés de près, bien bronzés, bien hydratés, leurs couleurs et leurs volumes subliment la blancheur irréprochable de leurs chaussettes.

Au-dessus d’eux, moulant les muscles vigoureux et nerveux des cuisses, style collant bien collant, il porte bien son nom … le cycliste.

Les mollets… !

Ils détiennent le pouvoir, la force et l’endurance, sans eux rien de possible !

En eux, l’énergie puissante donnant l’impulsion nécessaire aux pédales afin qu’elles développent le maximum de tours pour accroître la vitesse indispensable à la réussite.

En pleine action, ils sont impressionnants et bien souvent ils font l’objet de regards envieux des pratiquants débutant, et admiratifs notamment de la gente féminine ; ils interpellent.

Le coureur descend de son vélo, me tourne le dos et marche devant moi et la déception m’envahit.

Ceux que j’admirai tout à l’heure ressemblent à des grosses pattes de lapin…un dernier regard de dédain non feint…j’aime pas le lapin.

Qui suis-je ?

Je suis désirée ardemment par tous les coureurs,

A ma vue, ils retrouvent l’espoir et le courage,

Même si je ne flotte pas ils me verront toujours.

Flamme rouge du dernier km

 

Il est espéré et pourtant redouté,

De toutes les couleurs et des générations entières,

On le trouve partout en quantité,

Plus que l’espoir c’est lui qui nous porte.

Le public

 

Les fans d’apéro la connaissent bien,

Ne peut la réussir qui veut,

Epreuve technique sur route ou sur piste

Eté comme hiver

La descente

 

Les petits rêvent de nous avoir,

Chacune a sa couleur,

Sont tous les jours sur le podium,

Que pour les champions

Les peluches

10 heures du mat

10 heures du mat, j’ai des frissons…de peur.

Ça va bientôt commencer. L’avenue s’anime. Piétons, vélos et trottinettes se figent. Voilà la caravane.

Vittel et Cochonou se taillent la part du lion à l’applaudimètre.

Et puis soudain…tout retombe.

Plus de cadeaux, plus de spectateurs, la fête est finie.

Pour ce matin !

Epidémie de rougeole sur Libourne ! Partout des pois rouges sur fond blanc. Chacun y va de son essayage. Les mannequins sont divers et variés, arborant fièrement qui une casquette qui un teeshirt moulant des abdos proéminents.

L’avenue est libérée ! Plus de drapeaux, plus de spectateurs encourageant, sans parfois les connaître, les coureurs affûtés qui penchés sur leur vélo ne montrent que leurs fesses. Dans un ordre parfait, les barrières sont rangées, empilées et regagnent le camion qui patiente sur le côté. Comme d’un coup de gomme rapide et précis, les traces du tour de France s’effacent et disparaissent, rendant l’avenue à une circulation encore hésitante. Seuls vestiges, les bottes de pailles emmaillotées de plastique blanc et rouge qui signalaient les poteaux potentiellement meurtriers pour les crânes casqués !

La « psychologie de la barrière »

Les barrières posées devant chez moi pour interdire la circulation disposent d’une autonomie surprenante. Installées le vendredi soir, 4 d’entre elles ont pour mission de barrer la rue hermétiquement. A mon réveil le samedi matin, elles ne sont plus que 3 et offrent une béance sur la gauche. A 10 h, elles ne barrent plus grand-chose, repliées de chaque côté. Mais malgré cette chorégraphie mystérieuse, peu de véhicules ont osé franchir les ouvertures.

Il est grand temps de se pencher sur la « psychologie de la barrière ».

Drôle de Tour, Drôles de commentateurs

Derrière mon écran, je regardais et écoutais de plus en plus effarée les images avec les commentaires.

Rien ne collait.

J’avais l’impression de ne pas voir la même chose.

Et ce pauvre gars qui pousse tout ce qu’il peut pour arriver au sommet, un spectateur lui tend un journal, (mais quand va-t-il trouver le temps de lire ?). Au même moment, le commentateur a décidé qu’il perdrait tout le temps gagné dans la descente, car il ne savait pas descendre (de quoi je me mêle ?).

Un peu avant, un coureur s’arrête pour « satisfaire un besoin naturel », je m’interroge, y a-t-il des besoins surnaturels ? Il paraît, et l’image vient illustrer les propos, que certains arrivent à se satisfaire sur le vélo, heu, je continue mon interrogation ou j’en rigole ?

Toutes ces images sont entrecoupées en permanence, à force de vouloir rythmer, on se perd les pneus ; retour sur le peloton qui roule sagement comme des moutons, ron ron.

Retour encore, sur le brave bougre, un français ! qui arrive au sommet du Tourmalet, je suis ravie pour lui, il n’y a que lui et moi à le penser apparemment…

En voilà un qui a mal au genou, le commentateur texto : « Faut que t’arrête de pédaler, tu auras plus mal au genou », quelle jolie lapalissade.

Bon, je vais éteindre la télévision, ils ont tous des têtes de personnes pas naturelles, des « hubbots » (robots à apparence humaine, amputés de sentiments, dans une série de science-fiction).

Décidément, le vélo sans vélo c’est beaucoup mieux !

Zoom sur le Tour

Libourne accueille le Tour de France et ça fait six mois qu’en mairie, on ne parle que de ça. Du jaune partout, une signature spéciale pour nos mails, un point d’accueil dédié et des réunions à n’en plus finir pour tout organiser. La semaine qui précède, les équipes sont exsangues, les yeux se cernent, quelques éclats de voix fusent de-ci de-là, l’énervement est à son comble. Chacune, chacun compte les jours : « Allez, la dernière ligne droite, après, c’est les vacances ! ». Enfin presque, parce que pour beaucoup, il faudra enchaîner avec Fest’arts.

Tout doit être parfait, l’exigence est à son comble. Et puis vient le jour où ils arrivent, le public d’abord qui s’installe où il peut avec tente ou camping-car, tente et camping-car, pancartes, pliants, bob et lunettes. L’organisation du Tour ensuite qui transforme la ville devenue piétonne à défaut de devenir cyclable.

L’absence des bruits de la circulation laisse place au bruit des hélices des hélicoptères et de la sono d’ASO. Masqués et démasqués, les spectateurs acclament chaque coureur à son passage, sans le connaître pour la plupart, en l’oubliant à peine perdu de vue. L’organisation est parfaite, chacun est à sa place. L’événement est une réussite. Les images splendides de la ville, en continu pendant 48h, convaincront les téléspectateurs les plus éloignés de venir se promener à Libourne. Demain il faudra tout ranger jusqu’à la prochaine fois, un jour peut-être, dans très longtemps. Libourne aura encore changé, les voitures et les vélos voleront peut-être dans le ciel. Et le Tour de France se passera autrement. Les coureurs à la peau bleue et aux pieds palmés pédaleront encore plus vite. Leurs yeux dorsaux leur offriront un coup d’œil stratégique sur leurs rivaux. Le plus jeune aura 5 ans et le Maire de Libourne sera plus que centenaire. Ecrirons-nous encore ?