En exclusivité, les premières lignes du travail de l’atelier « Nouveaux contes et légendes de Libourne et du Libournais ».
La Belle Equipe Commentaires 0 Commentaire
LE DRACON QUI A MAL AUX DENTS.
C’était un temps ancien, un temps encore plus ancien que l’ancien, un temps où toutes les créatures terrestres vivaient en parfaite harmonie. L’équilibre tenait à ce que les hommes, les plantes, les animaux se nourrissaient les uns les autres et les uns des autres. Chacun acceptait son rôle dans la nature et s’enrichissait des différences. C’était un temps ancien, encore plus ancien que l’ancien, un temps où la magie orchestrait l’univers.
C’était un temps ancien, un temps encore plus ancien que l’ancien où le souffle du dragon réchauffait l’humanité quand son feu forgeait les outils des hommes.
Dans ce temps ancien, ce temps encore plus ancien que l’ancien, il était une fois une contrée située là-bas, plus là-bas que là-bas, bref, Ici. Une contrée heureuse sertie de verdoyantes forêts denses et généreuses, sillonnée d’un faisceau de cours d’eaux vives et claires, constellée de roches grignotées par hommes et dragons à travers les temps anciens, encore plus anciens que les anciens.
Cette contrée, comme toutes les autres, abritait un dragon descendant d’une des lignées fondatrices de l’ordre naturel[1]. Bourisse de Terre-à-Mites, affectueusement surnommé Boubou par les habitants, occupait une grotte creusée à la force de ses dents, ainsi que font tous les dragons.
Boubou, serviable à souhait, se pliait volontiers en quatre pour aider son prochain. Il arrivait alors que son enthousiasme remplace sa réflexion, déclenchant ainsi maintes complications. Cela lui valut l’affixe de Dracon.
Un jour, Cristobal de Terre-à-Mites, arrière-grand-oncle de Boubou le Dracon, réalisa que sa grotte-demeure ne convenait plus à son grand âge. Il lui fallait dès lors creuser une grotte de plain-pied. Mais comment faire quand on a des dents élimées et usées par l’âge ? Boubou, avant toute sollicitation et sans autre forme de raison, se mit spontanément à la tâche. Désireux d’offrir à son aïeul une grotte digne d’un palais, il fonça toutes dents dehors vers le premier bloc rocheux bien situé… qui s’avéra être du marbre. Bien qu’il eut la dent dure, il s’y râpa les crocs, réveillant la vieille carie qui sommeillait au fond de sa mâchoire.
[1] Au tout début des temps anciens encore plus anciens que les anciens, 4 lignées de dragons contribuèrent à l’élaboration de l’ordre naturel : les lignées Terre des dragons terrestres, la lignée Feu des dragons volcaniques, la lignée Eau des dragons aquatiques et la lignée Air des dragons volants. Chaque lignée crût et se multiplia, formant des familles dont les noms comportaient d’abord la lignée puis un complément, souvent en lien avec l’activité ou la spécialité de la famille. Ainsi la famille de Bourisse était-elle originaire de la lignée Terre, spécialisée dans le perçage des grottes et autres excavations, d’où l’allusion aux mites.
[1] Au tout début des temps anciens encore plus anciens que les anciens, 4 lignées de dragons contribuèrent à l’élaboration de l’ordre naturel : les lignées Terre des dragons terrestres, la lignée Feu des dragons volcaniques, la lignée Eau des dragons aquatiques et la lignée Air des dragons volants. Chaque lignée crût et se multiplia, formant des familles dont les noms comportaient d’abord la lignée puis un complément, souvent en lien avec l’activité ou la spécialité de la famille. Ainsi la famille de Bourisse était-elle originaire de la lignée Terre, spécialisée dans le perçage des grottes et autres excavations, d’où l’allusion aux mites.