Je me souviens !


Je me souviens de la foule, familles, enfants, ados, jeunes, âgés, même plus âgés encore, coiffés de casquettes multicolores formant un cortège coloré et bruissant, accompagnant les déambulations dans la rue Gambetta

Je me souviens aujourd’hui et c’est bien

Je me souviens de cette découverte

Je me souviens du premier matin

Je me souviens des jours d’avant Fest’arts, quand les rues s’habillent de couleurs et que monte une ambiance fébrile de joie contenue

Je me souviens de la foule joyeuse, des éclats de rire, des couleurs de costumes et de musiques envoutantes

Je me souviens de fourmis géantes s’accrochant dans les réverbères de la ville

Je me souviens de cette petit femme en robe rouge devant les rideaux noirs à la Médiathèque, poing levé vers la foule déclamant » l’Amour, la Mort » ! Clémence
Carabosse nous emmenait dans son road trip entre rires et larmes, et à travers ses émotions nous pouvions tous nous reconnaître

Je me souviens de cet instant où la comédienne s’assoie sur les genoux d’un spectateur : j’ai 10 ans, les genoux de mon père, à l’abri du monde.

Je me souviens de la roue qui tourne au bord de la confluence et de l’harmonie des corps

Je me souviens de ceux qui, déjà, attendent

Je me souviens des nuits sans nuit, sous des lumières chaudes qui éclairent des coiffures folles et les flammes féroces de Deabru Belzak

Je me souviens de gestes, de regards…

Je me souviens de la mise en place

Je me souviens, et c’est parfait, parce qu’il va falloir tenir jusqu’à l’année prochaine….

Je me souviens d’un rouleau tournant aux marionnettes délirantes

Je me souviens des ballades dans la rue, les sens en éveil et aux aguets, car à chaque coin de rue pouvaient surgir quelques lutins malicieux riant, vous prenant à témoin ou par la main pour vous emmener jouer avec eux en « impro »

Je me souviens de la chaleur écrasante, des odeurs entêtantes
Je me souviens de toutes ces chaussures et de leur chemin de vie

Je me souviens d’un public au coude à coude riant ensemble sans s’affoler.

Je me souviens des amis que l’on retrouve, par hasard ou pas, pour échanger nos derniers enthousiasmes et nos conseils de spectacle

Je me souviens des premiers regards

Je me souviens la nuit, la roue qui tourne, les corps qui tombent et se rattrapent

Je me souviens de ces verres simplement partagés

Je me souviens de maintenant

Je me souviens de ces jours précédant Fest’arts, où l’on voyait débarquer nos visiteurs bien reconnaissables avec leurs sacs à dos, tennis, gourdes à la main ou accrochées à la ceinture

Je me souviens de ce qui sera, du plaisir, de l’émotion et des autres

Je me souviens d’enfants riant aux éclats et d’adultes éclatant de rire

Je me souviens des japonais qui jouaient au tennis sans balle ni raquette, d’un Cyrano flamboyant, du groupe les Doliprane, de Générik Circus, de De chair et d’os et de tant d’autres qui m’accompagnent encore

Je me souviens de l’effervescence

Je me souviens du sens que prend le mot « minéral » l’aprèsmidi

Je me souviens de ces Libournais pressés de voir commencer leurs Festivités, qui envahissaient, dès potron minet, les gradins ou espaces des premiers spectacles afin de ne rien rater

Je me souviens les rues, les regards et la foule, partage sans distance

Je me souviens du coiffeur poète déclamant des vers à la fin de ses prestations fleuries.

Je me souviens de danses virevoltantes et entrainantes 

Je me souviens d’attendre l’affiche des Fest’art à venir : oiseau, navire, montgolfière, machine fantastique qui laissent à rêver les jours d’été qui s’approchent.

Je me souviens de ma rencontre avec Caroline autour de la maison Graziana encore sous l’émotion de la découverte de l’installation dans la chapelle, et… de tout ce qui est arrivé par la suite
Je me souviens de Léandre et de l’émerveillement des petits et grands

Je me souviens la nuit venue, la foule sagement assise sur la pelouse du stade Brethous, attendant que s’élèvent vers le ciel moult fusées bruyantes, pétaradantes, flamboyantes accompagnées par des batteurs déchaînés sur leurs percussions géantes

Je me souviens de la cour du conservatoire et des mots qui me ramenaient mon père.

Je me souviens de beaucoup d’amour pour le public, de beaucoup d’amour pour les artistes

Je me souviens qu’il faut toujours se souvenir des instants suspendus dans le temps avant qu’ils ne s’envolent…

Je me souviens… « allez, tous en place, c’est parti ! »

Je me souviens que c’est le cœur de la ville qui bat

Je me souviens qu’une fois le spectacle terminé, personne ne voulait plus partir

Je me souviens de la générosité des Libournais pour confectionner des guirlandes de cravates afin de parer la ville de mille couleurs

Je me souviens de l’institutrice qui faisait vivre tout une classe avec talent et tendresse.

Je me souviens, tu te souviens, ilelle se souvient et ainsi naît l’histoire des arts de la rue en fête

Je me souviens non…je sais que Fest’arts et l’Esprit Fest’arts sont présents dans nos cœurs et coulent dans nos veines

Je me souviens du calme avant la tempête qui nous emporte joyeusement

Je me souviens que nous l’attendons chaque année avec impatience.

Je me souviens des ombres des danseurs sur les murs de la salle polyvalente du lycée et de notre émotion partagée qui te lie toujours à moi là où tu es aujourd’hui.
Je souviens de la conférence sur les sardines, qui a changé mon regard sur les boîtes de conserve de ce poisson que, par ailleurs, je n’aime pas.

Je me souviens de ma participation au cortège des deuches et de cette folie douce partagée

Je me souviens que ça rend les gens heureux

Je me souviens des chiliens siffleurs qui ont embouteillé Libourne plusieurs fois par jour

Je me souviens de l’attente avant un spectacle, observer les artistes se préparer, le public s’installer dans un joyeux bazar

Je me souviens et je préfèrerais y être…

Un Lieu, des Lieux




Un petit bout de rue comme l’extension du rouleau qui tourne.

Assis à même l’asphalte sans décor ni artifice
; la rue comme un coin rétréci de l’autoroute à imaginer. Et avec la chaleur, peu à peu, la même odeur de goudron qui font !
Et le rouleau qui tourne…

Les spectateurs ont du mal à croire qu’il s’agit là d’un truc pour eux. Pas vraiment un lieu, pas vraiment de cadre, un truc si enfantin, ce n’est pas pour les grands
!
Pourtant le programme dit bien «
Place de l’église St Jean » et il n’y a rien d’autre.
Juste ce petit bout de rue à peine bloqué où des voitures sont encore garées.

Et ce rouleau qui tourne…

Alors on prend un bout de trottoir
. « Non ! disent les autres qui ont déjà vu et reviennent ; assoistoi sur la route le plus possible face au rouleau qui tourne ! »
Que le spectacle commence
! Et le petit bout de rue s’anime, enfle puis rétrécit au long des mots, des phrases, des rires et des pleurs.
Et le rouleau qui tourne…

Et la ligne blanche pointillée devient ligne continue et la voiture s’élance et klaxonne à tout rompre
: un petit bout de rue et le rouleau qui tourne…


Au pic du soleil tout est blanc, lisse et vibrant de chaleur. La cascade des marches mène à l’eau et aux arbres, loin, làbas. La vue est belle et le regard s’arrête sur la rambarde, fil d’acier qui guide l’attention vers l’amont et les bateaux.

Rudesse de la pierre, scintillant de l’acier, douceur des autres et reflets sur l’eau.

Les sons se répondent, les ombres s’allongent et dans ce vide surgit une âme.


Estce le lieu, estce l’installation, mais ça a été un choc…

Descendre cette rue pour arriver sur « la vue » depuis Libourne, cette esplanade jugée trop minérale alors que c’est cet état même qui permet de centraliser les regards depuis les marches.

Mais, juste audessus des marches, une petite bande faite de pierres plates très ajustées, à l’abri des arbres, qui longe les quais et qui permet la proposition d’installer toutes ces chaussures, orphelines ou pas, lourdes d’histoires ou fragiles
d’avoir tellement subi, toutes volontairement dirigées vers la même destinée.

C’est ce petit espace de promenade qui m’a invité à une terrible émotion…



C’est un des poumons de la Ville, le fief de plusieurs générations de Libournais ou d’ailleurs, venus user leurs fonds de culottes sur les toboggans et déchirer leurs teeshirts sur les tourniquets.

Les arbres sont pour certains centenaires et portent sur leurs troncs un petit écriteau avec : nom, prénom en latin et en français, genre, taille, date de naissance ; petit acte d’état civil en sorte.

Ils offrent, par leurs grandes et épaisses ramures, des ombres bienveillantes, bienfaisantes et fraiches.

Les vastes étendues de pelouse tendre accueillent les postérieurs des grands et des petits, en rond, en carré… comme ils le veulent !

D’autres, sagement adossés au pied de l’un de ces vénérables résidents, un chapeau sur la tête se plongeront avec frénésie dans la lecture de ce polar dont ils ont hâte de connaître la fin.

Des fleurs, des arbres, et… l’étang autour duquel ont établi leur quartier général, oies, canards petits et grands, ainsi que celui qui terrorisait mes petits « le papaoie qui a une grosse bosse sur le nez et qui fait du bruit ».

Les chiens ont aussi leur espace ; c’est un lieu de rencontres, de rendezvous, de découvertes pour tous.

Des cris, des rires d’enfants, le pépiement des oiseaux… on est bien au Parc de l’Epinette !




Ces quais sont un théâtre de verdure naturellement propices à la représentation d’un spectacle.

Tout y est, les décors du fond réalisés par Dame Nature sont du plus bel effet. Les marches vite transformées en gradins offrent une vue imprenable.
Quelques arbres apportent une fraîcheur relativement lointaine de la climatisation des salles, mais néanmoins bienfaitrice.

Les pigeons et les moineaux passent de temps en temps pour glaner quelques miettes et assurer le nettoyage des lieux, quoique, du côté des pigeons, cela reste à vérifier.

Et de temps en temps un papillon volette deci delà, apportant des touches légères de couleurs.






Aller au lycée pendant les vacances, je n’en avais jamais rêvé, mais Fest’arts l’a fait ! Plaisir de franchir les grilles pour autre chose que les cours ou les réunions, croiser le regard complice des collègues et éviter les sujets qui fâchent, NE PAS faire le guide pour ceux qui s’interrogent sur le lieu et son agencement… Être un simple spectateur festivalier, s’installer sur les
gradins ou la pelouse, comme si c’était juste un lieu, rien qu’un lieu où Fest’arts a posé ses valises le temps de son éphémère prestation.

En septembre, il ne restera rien de la folie du mois d’août, à part des souvenirs… et des regards complice