HISTOIRE DU DRAGON QUI AVAIT MAL AUX DENTS

C’était un temps ancien, un temps encore plus ancien que l’ancien, un temps où toutes les créatures terrestres vivaient en parfaite harmonie.
L’équilibre tenait à ce que les hommes, les plantes, les animaux se nourrissaient les uns les autres, et les uns des autres. Chacun acceptait son rôle dans la nature et s’enrichissait des différences. C’était un temps ancien, où la magie orchestrait l’univers, où le souffle du dragon réchauffait l’humanité quand son feu forgeait les outils des hommes.

 

Dans ce temps encore plus ancien que l’ancien, il était une fois une contrée située là-bas, plus là-bas que là-bas, bref, Ici. Une contrée heureuse sertie de forêts verdoyantes, denses et généreuses, sillonnée d’un faisceau de ruisseaux vifs et clairs, constellée de roches grignotées par hommes et dragons à travers les temps anciens, encore plus anciens que les anciens.
Cette contrée, comme toutes les autres, abritait un dragon descendant d’une des lignées fondatrices de l’ordre naturel (1).

 

Bourisse de terre-à-Mites, affectueusement surnommé « Boubou » par les habitants, occupait une grotte creusée à la force de ses dents, ainsi que font tous les dragons.
Boubou, serviable à souhait, se pliait volontiers en quatre pour aider son prochain. Et quand son enthousiasme remplaçait sa réflexion, cela déclenchait maintes complications. Ce qui lui valut aussi le petit nom de Dracon.

 

Un jour, Cristobal de Terre-à-Mites, arrière-grand-oncle de Boubou le Dracon, réalisa que sa grotte-demeure ne convenait plus à son grand âge. Il lui fallait dès lors creuser une grotte de plain-pied. Mais comment faire quand on a des dents élimées et usées par l’âge ?
Boubou, avant toute sollicitation et sans autre forme de raison, se mit spontanément à la tâche. Désireux d’offrir à son aïeul une grotte digne d’un palais, il fonça toutes dents dehors vers le premier bloc rocheux bien situé… qui s’avéra être du marbre. Bien qu’il eût la dent dure, il s’y râpa les crocs, réveillant la vieille carie qui sommeillait au fond de sa mâchoire.
Il en rugit de douleur. Son feu de dragon jaillit. Le mal partit.
A dragon, dracon et demi. Fidèle à son petit nom, Boubou constata ainsi que le feu qui couvait en lui était souverain contre son bobo. Il ne savait pas qu’il venait de découvrir la cautérisation par le feu.

Malheureusement, cette solution temporaire se révéla dévastatrice. Chaque crise
déclenchait des incendies.

 

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(1) Au tout début des temps anciens encore plus anciens que les anciens, 4 lignées de dragons contribuèrent à l’élaboration de l’ordre naturel : les lignées Terre des dragons terrestres, Feu des dragons volcaniques, Eau des dragons aquatiques et
la lignée Air des dragons volants. Chaque lignée crût et se multiplia, formant des familles dont les noms comportaient d’abord la lignée puis un complément, souvent en lien avec l’activité ou la spécialité de la famille. Ainsi la famille de Bourisse était-elle originaire de la lignée Terre, spécialisée dans le perçage des grottes et autres excavations, d’où l’allusion aux mites.

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Boubou finit par comprendre qu’il devait fermer sa bouche. Prudent, il en sécurisa la
fermeture en l’entourant des filets des carrelets dressés sur les bords de la confluence d’Ici, dont il utilisait déjà les poteaux pour se curer les dents ; il ne sut jamais qu’il venait d’ouvrir le temps au cercle vertueux du recyclage.
Mais les pêcheurs locaux n’apprécièrent pas du tout la destruction de leur outil de travail.


Ils fomentèrent une révolte, connue sous le nom de « révolte des carrelets ». Fidèles à leur esprit constructif par le collectif, ils organisèrent une Assemblée Générale à laquelle ils invitèrent un expert en dragonnerie pour trouver une solution.

 

                                                                                            Ordre du jour :
                                                                            Soigner Bourisse de Terre-à-Mites.

 

Pas question de tuer ooubou, nous ne sommes pas des barbares. De plus, il est toujours bon d’avoir son dragon à la maison.
Pour l’expert, une seule solution : l’attraper, l’endormir et le confier au dentiste de la Forêt-Noire, titulaire d’une mention en dragonnologie. Il consulte tous les jours, dans son officine, sans rendez-vous, du levant au couchant.
Restait à trouver comment attirer ooubou jusque-là. Le débat s’engagea. Les propositions fusèrent :

 

1/ « Qui est volontaire pour rencontrer Dracon et lui présenter la solution à son problème ? »
Chacun regarda son voisin.

 

2/ « Il faut lui faire croire que la pénurie de carrelets dont il est responsable nous oblige à organiser une campagne de coupe des châtaigniers de la Forêt Noire. »
Serviable comme il est, Boubou ne manquera pas de s’y précipiter.

 

3/ « Et si on lui disait qu’une dragonne de sa lignée a été aperçue il y a peu au fond de la Forêt » ?
Rendre Boubou amoureux, pas sûr que ça n’aggrave pas le problème.

4/ « La dernière fois que j’ai croisé Boubou, il s’amusait à pousser du museau des
coccinelles. Chaque fois que l’une d’entre elles se faufilait entre ses dents, ses éclats de rire faisaient trembler le sol. On pourrait en parsemer le chemin jusqu’à la Forêt »
Regards consternés.

Après un vote enthousiaste, la deuxième solution fut retenue.

En quelques heures, la contrée bruissa de rumeurs jetées aux quatre vents.

 

                                                     … Châtaigniers… Carrelets… Forêt Noire… Cure-dents…

 

Les mots s’envolèrent jusqu’aux oreilles de Boubou qui se laissa, comme espéré, prendredans les mailles du filet (de carrelet). Le voilà en route vers la Croisée des Chemins, haut lieu traditionnel des rendez-vous des habitants d’Ici.
Malheureusement, Dracon, vraiment très très gon, se trompa de direction. Gourmand, il se dirigea vers un chemin qui sentait la noisette, sa friandise préférée.

 

Le chemin s’enfonçait sous des arbres gigantesques, bien plus haut que Boubou lui-même, des arbres solides aux troncs trapus qui semblaient un appel permanent à une partie de cache-cache. S’aventurant dans ce paradis d’écureuils, notre Dracon fixait le sol, à la recherche de noisettes.
Las ! De noisette il ne trouva point. Il finit par lever les yeux vers le faîte des arbres, prêt à arracher des noisettes à leurs branches nourricières et s’étonna de découvrir de
magnifiques fleurs rouges bruyantes comme des colonies d’étourneaux.

 

C’est bien connu, quand on ne regarde pas où on va, on risque l’accident. Soudain, Boubou se sentit chuter, chuter, chuter… Le gouffre qu’il n’avait pas vu n’en finissait pas, et ses tentatives pour s’agripper à la paroi ne servirent à rien : ses griffes glissaient sur une surface parfaitement lisse dans laquelle ses yeux ronds se reflétaient en continu.

Au bout d’un long moment, il atterrit sans dégât sur un confortable matelas. Devant lui, une porte, surmontée d’une indication lumineuse : “c’est par là”. Pendant 2 secondes, Boubou demeura perplexe. Parfois, l’absence d’imagination est un bienfait. Il ouvrit la porte.


Derrière, il découvrit une forêt aux arbres enchevêtrés. Il allait devoir se faufiler. Certaines fois, il passa par-dessus les branchages, escalada des hauteurs vertigineuses. D’autres fois, il eut besoin de ramper sous des racines qui lui semblaient vouloir le saisir. C’était sûrement la douleur qui le faisait divaguer. Enfin, il s’extirpa de ces branchages, racines et autres pièges qui avaient été mis sur sa route et il sortit de cette sinistre forêt.
Et le voilà passant sur un petit pont de bois d’où chacun de ses pas orchestrait une mélodie.

 

Il s’y attarda mais, soudainement, sa douleur se rappela à lui et le ramena à la réalité. Il devait se hâter pour arriver à destination dans les meilleurs délais. Il progressa encore sur le chemin, vers un ruisseau qu’il entendait chantonner. Stupeur ! Son reflet lui révéla l’énorme pamplemousse qui avait poussé à la hauteur de sa dent. Horrifié, désorienté, il se mit à courir, dévalant une vaste prairie fleurie.


Les yeux de Dracon tournaient dans tous les sens. A droite, un peu moins z’à droite, un peu moins d’un peu moins z’à droite, à gauche, un peu moins z’à gauche, un peu moins d’un peu moins z’à gauche – sa maman, Drazotte de Terre-à-Mites, lui avait toujours dit de ne jamais se lever du pied gauche ! Il était totalement perdu.

 

Comment faire ? Il secoua ses écailles, fit frétiller ses petites ailes, hurla de douleur. Tout ce remue-méninge avait accentué son mal aux dents. Il tourna la tête, serra les yeux très forts, respira bruyamment comme pour apaiser son esprit en ébullition. Maman Drazotte lui avait aussi dit, le jour de sa mort, que peu importe où il se retrouverait dans une forêt, il faudrait marcher tout droit, toujours, sans réfléchir, pour pouvoir en sortir. Elle était morte à ce moment-là, foudroyée par son éclair de génie(2)

 

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Il prit alors le chemin qui était juste en face de lui, un sentier rocailleux, bordé de chênes pluri-centenaires. Les branches basses cinglaient son cou recouvert d’écailles vert émeraude et turquoise.
Alors qu’il s’évertuait à garder le cap, il entendit coasser au-dessus de sa tête :
« Bonjour Môôôsieur Dracon ! »
Boubou regarda z’à gauche, un peu moins z’à gauche, un peu moins d’un peu moins z’à gauche, mais ne vit rien.
“Tout là-haut Maistre Dracon !” reprit le croassement.

 

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(2)  Si ! Si !

 

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Il leva la tête et vit un corbeau tout gros, tout dodu, tout appétissant. Il sentit une salive épaisse et suave se répandre dans sa bouche et recouvrir ses dents tout abimées.
“Oh ! Maistre Dracon, que vous me semblez beau ! Que vous êtes joli ! Si votre ramage ressemble à votre …”
La forêt répercuta, d’arbre en arbre, de branche en branche, de feuille en feuille, un rot magistral suivi d’un hurlement de douleur ; un des os tranchés du corbeau déchu s’était planté dans sa gencive déjà fragilisée par ses moultes problèmes dentaires. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il ne devait plus rien manger, rien du tout, et tant pis s’il sentait déjà ses forces le quitter, tant pis s’il allait mourir de faim, là, seul dans cette forêt où il fallait marcher toujours tout droit.

 

Notre Dracon bougea une de ses grosses pattes, puis une autre, puis celle de gauche
encore, et puis celle qui était un peu moins z’à gauche, et encore… Et encore… Il sentait sa mâchoire battre comme le marteau d’un forgeron sur le fer incandescent. Il gardait la tête baissée. Et il marchait, marchait, les yeux fermés, le cœur lourd, la mâchoire en feu, les deux pieds gauches (l’un peu moins que l’autre,) à l’unisson.
Boum boum boum ! Voilà le bruit que l’on entendait au passage de Boubou. C’est ainsi que se déplace un dragon qui n’utilise jamais son côté droit. Car oui, parlons-en de son côté droit. Dans sa tête, il se répétait la phrase de sa défunte mère pour avancer : aller tout droit.

 

Ça contrariait sa vraie nature qui était fondamentalement à gauche toute !
Bref ! Avançons si nous voulons vaincre le mal… Et ne pas tourner en rond ! Dracon avait croqué le beau parleur et voilà que l’os figé le faisait vibrer. Avec fracas, notre Dracon se traînait tout droit, voire à l’extrême de tout droit. Imaginez comme la suite de ce chemin fut douloureuse ! Mais il progressait et, à quelques encablures, entendit le sifflement des lianes : devant lui, tout droit, tout droit se trouvait la Forêt Noire. Porté par le génie de sa maman Drazotte mais dévié par ses deux pieds gauches, il arriva jusqu’à une carrière.

 

Zut ! Encore un endroit qui ne lui était pas familier ! N’écoutant que son instinct, toujours tout droit, il pénétra dans une grotte. Le bruit de ses pas amplifié par l’écho l’effraya tant qu’il en éternua. Pris d’un énorme « Atchoum ! », il projeta de mini-maxi gouttelettes qui se collèrent sur la paroi et se transformèrent en perles d’or. Ce fracas fit apparaître les habitants de la grotte, des gnomes coiffés de pittoresques chapeaux à grelot. Ils comprirent tout de suite le profit qu’ils pouvaient tirer de ces précieuses expectorations et emboîtèrent le pas à Dracon.

 

Décidément, quelque chose dans l’air de la grotte chatouillait les narines de Boubou.
Tout en cheminant, il produisait de petits éternuements réguliers qui, peu à peu, tracèrent sur le sol un chemin doré.
Les perles scintillantes étaient comme une multitude de petits luminions qui émerveillaient les gnomes autant qu’ils les dégoutaient. Chaque éternuement faisait sautiller Dracon et serpenter sa queue.
Les petits gnomes malicieux eurent tôt fait de s’agripper aux écailles de Dracon, s’amusant de ses gestes désordonnés et glissant sur son dos jusqu’à ce qu’un nouvel « atchoum !» les projetât à terre en un tas désordonné, au milieu d’un éclat de rire général.

 

Seul Dracon ne s’amusait pas de la situation. Chaque arrimage de gnome le faisait gigoter.
Plus il gigotait, plus les gnomes rigolaient.
Il tenta de se mettre à courir pour échapper au petit groupe rieur, mais plus il avançait, plus le tunnel rétrécissait.

 

S’accrochant au mur, tant bien que mal, griffant l’air de ses larges pattes, il s’étouffa et se mit à pleurer. Des flots d’un liquide vert se déversèrent de son canal lacrymal pour ajouter aux perles d’or, au contact de l’air, des gemmes vert émeraude. Les yeux des gnomes luisirent de convoitise. De l’or, des pierres précieuses, ce dragon était un vrai trésor sur pattes !


« Allons ! Ressaisissons-nous ! », s’écria soudain Gavron, leur chef suprême.

« N’oublions pas qui nous sommes. Rappelons-nous CE que nous sommes ! Les chimères des humains ne nous troublent pas, nous en connaissons trop bien la vile nature. Nous sommes de joyeux drilles ! Nous aimons la fête, l’amitié, la compassion, la bien-veillence ! Notre raison d’être, c’est l’entraide ! Dis-nous, Dragon, de quoi souffres-tu ? Comment pourrions-nous te porter secours ? »

 

Alors, assis au milieu d’un cercle de gnomes attentifs, entre deux sanglots producteurs d’émeraudes, ooubou raconta. Il dit sa douleur, ce mal aux dents qu’il ne comprend pas, qui ne passe pas. Il dit sa honte d’avoir lésé les pêcheurs en détruisant leurs carrelets, son souhait de se racheter en les rejoignant dans la Forêt Noire. Il dit son espérance, ses envies de vie paisible au milieu des humains. Dans un bel ensemble, les gnomes compatissants hochèrent la tête, se levèrent en même temps et poussèrent un puissant cri de ralliement :


« Allons, gnomes d’Ici, il nous faut sauver notre nouvel ami ! ».
« Suis-nous ! », encouragea Gavron, « Au cœur de la Forêt Noire, te mener nous allons !
Laisse jaillir l’espoir dans ton cœur de dragon ! »

 

Une étincelle, un je-ne-sais-quoi niché tout au fond de notre dragon, un sentiment revenu des temps plus anciens que les anciens, le poussa à emboîter le pas des gnomes. Ce doit être ça, La Confiance…

 

Peu à peu, l’étroit chemin s’élargit et déboucha sur une vaste clairière.
« Nous n’irons pas plus loin, Dragon mon ami » reprit Gavron. « Nous ne pourrions survivre dans cette forêt. Mais pour toi, la solution se trouve droit devant, sous les arbres aux longues lianes. Va ! De ta visite nous te remercions ! »

 

Ereinté, mais plein d’une confiance nouvelle, ooubou avança droit devant lui, encore plus droit que tout droit. Et lorsqu’un tout petit homme, armé d’une lance en bambou, chevauchant un lièvre énorme à trois oreilles, surgit devant lui, il finit par s’abandonner à ce qu’il crut être un délire. Ses griffes agrippèrent le tronc d’un châtaignier dans l’espoir de s’enfuir par les cimes ; mais de l’arbre se détachèrent des lianes qui peu à peu l’enserrèrent.

 

Il ne put se libérer et sombra dans un semi-coma. Sans force, il ne résista pas aux lianes qui desserrèrent ses mâchoires, permettant au petit homme de pénétrer dans sa bouche.
“Pique, pique, pique en bas, trois petits coups et carie s’en va !” psalmodia le petit homme tout en s’affairant. La ritournelle rejoignit ooubou dans ses rêves. Le mal s’en était allé, Dracon en fut bien étonné !

 

                                                                                         « Oyez ! Oyez !
                                                                                          Le mal s’est envolé !
                                                                                          La dent cariée est réparée !
                                                                                          Tranquillité retrouvée,
                                                                                          La fête peut commencer ! »

 

L’annonce du crieur public ouvrit les portes des préparatifs. Chacun s’affaira pour le
rassemblement le soir même au carrelet principal. Musiciens et troubadours de toute la contrée lancèrent la danse des châtaigniers pour remercier le dentiste plus expert que les experts les plus experts.

 

Généreux comme à leur habitude, les habitants d’Ici partagèrent les multiples largesses de leur territoire entre forêts giboyeuses et rivières nourricières. ooubou ne fut pas le dernier à s’empiffrer, heureux de pouvoir mâcher sans douleur. Il fit particulièrement honneur à une boisson nouvelle, d’un rouge coccinelle, au goût d’airelle.

Au petit matin, joyeux mais épuisé, il alla chercher le calme à l’écart de la fête, s’allongea au milieu de la place des foires d’antan et s’endormit profondément.

 

                                                                                        « Sommeil précieux,
                                                                                           Réveil dangereux ! »

 

Par cet adage, l’expert en dragonnerie présent à la fête mit en garde les habitants d’Ici. « C’est la nature du dragon de dormir à l’infini lorsque sa panse est bien remplie. Tirez-le de ses rêves jolis, s’en suivra amère folie. »

Alors les habitants érigèrent un tumulus protecteur, plus protecteur que les plus protecteurs, autour de oourisse de eerre-à-Mites pour préserver son sommeil. Une Jurade du dragon fut créée, chargée de l’entretien du site. La place toute entière devint une Aire de Veille Absolument Protectrice (AVAP).

 

Des siècles plus tard, l’église St Jean recouvrit le site d’une couverture à l’épreuve du temps.
Seulement, voilà : par deux fois, un insecte malicieux réussit à se faufiler jusqu’aux narines de Boubou le Dracon. Par deux fois, l’éternuement qui s’en suivit précipita dans le vide un clocheton de l’église. Tant va la cloche au sol qu’à la fin tout se brise…

 

               Prenez garde, habitants d’Ici, ne réveillez pas le dracon qui dort !

 

 

 

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Agnès S. – Annie C. – Cécile V. – Martine D. – Vanessa V.
La Belle Equipe
Janvier – décembre 2022